DroFramb : suivi participatif des communautés de drosophiles en parcelles de productions fruitières

Soumis par Alain-Herve Le Gall le jeu 10/11/2022 - 13:18
Volet du projet d’ANR DroThermal porté par Hervé Colinet (ECOBIO)

Drosophila suzukii, un ravageur récent des cultures fruitières


La Drosophila suzukii (ou drosophile à ailes tachetées), originaire d’Asie du Sud-Est, est une petite mouche apparue dans le Sud de la France en 2010 et qui s’est rapidement propagée au reste du territoire. Cette mouche présente la particularité de pondre ses œufs au sein d’une grande variété de petits fruits avant leur maturité. Après éclosion, les larves vont consommer le fruit puis former une pupe (équivalent chez les diptères à la chrysalide des papillons) de laquelle émergera un nouvel adulte.

 

Drosophila_suzukii_male

Source Wikipedia

 

Parmi les fruits au sein desquels D.suzukii est capable de se développer, on note un grand nombre d’espèces sauvages (mûre, gui, sureau, merisier etc.) mais aussi de nombreuses espèces cultivées (framboise, fraise, cerise etc.). Les dégâts occasionnés aux cultures peuvent ainsi être considérables (jusqu’à 80% de pertes de récolte).


Un réseau de suivi participatif national

Dans ce contexte, deux projets de recherche menés à ECOBIO cherchent à mieux comprendre l’écologie thermique de cette espèce :

  • notamment ses processus de survie hivernale : projet ANR DroThermal coordonné par Hervé Colinet (CNRS, ECOBIO)
  • et la dynamique spatio-temporelle des populations de D.suzukii au sein de productions de petits fruits, principalement framboise : projet DroFramb coordonné par Romain Georges, avec pour objectif de concevoir des modèles prédictifs fiables des abondances de cette espèce.

Dans cette optique, le projet DroFramb mobilise un réseau de 17 productrices et producteurs fruitiers répartis sur le territoire français le long d'un gradient latitudinal du Nord au Sud.

 

Carte_Droframb-France


Ces productrices et producteurs réalisent un piègeage des communautés de Drosophiles 10 jours par mois durant une année complète (de mars 2022 à février 2023) sur leurs parcelles fruitières et dans les haies à proximité.Ils utilisent pour cela un modèle de piège spécialement conçu dans le cadre de DroFramb et réalisé par impression 3D permettant de standardiser la capture des Drosophiles entre tous les participants, de manière à homogénéiser le protocole.

 

Droframb-piege

 

Un prototype valide a été co-conçu par Romain Georges et Camille Bisson (Fablab manager au SUPTICE de l’Université de Rennes 1) puis imprimé en 3D dans le "Teachling Lab" (PNRB du campus de Beaulieu) ; le modèle a ensuite été amélioré et adapté à la production en série (environ 150 pièces) au "Project Lab" pour équiper l’ensemble du réseau de producteurs, travail réalisé par Sylvain Pernon, ingénieur de recherche responsable du Project Lab de l’Université de Rennes 1..

Objectifs : obtenir des données quantitatives sur les drosophiles pour mesurer les fluctuations intra-annuellles pour chaque site du réseau national ; également comparer les sites entre eux en fonction de leur écosystème spécifique (géographie, climat etc.). A noter que chaque site dispose d’une station météo qui fournit des données de température.

C’est de la science « participative », cela signifie que les producteurs relèvent eux-mêmes leurs pièges : certains transmettent mois après mois leurs collectes à ECOBIO pour analyse (comptage etc.) ; les autres les conservent au congélateur et feront un envoi unique début 2023.

A termes, Romain Georges envisage d’étendre l’étude et la collecte à un public plus large : en impliquant directement les citoyens à travers les jardins partagés au sein des villes. L’idée étant de mieux appréhender les fluctuations ville/campagne au regard de l’îlot de chaleur urbain (ICU), et également, d’intégrer à ces fluctuations les facteurs des pollutions urbaines (différentes au sein de villes et des zones rurales, agricoles).
 


C’est donc sur un site de production de framboise à Thorigné-Fouillard (près de Rennes) que l’on suit Jean-Claude Ferron, maraîcher arboriculteur sur le domaine de la ferme de la Réauté, et Romain Georges, ingénieur d’études (CNRS, ECOBIO), à l’occasion d’un relevé mensuel des pièges.

 

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