[Source : IPR]
François Peaudecerf a été recruté en tant que professeur junior à l'Université de Rennes et est arrivé à l'IPR en décembre 2022. Il y mène ses recherches dans les départements de Matière Molle et de Milieux Divisés.
François est originaire de Royan en Charente-Maritime. Au cours de ses études à l'École Polytechnique, il a développé un intérêt pour la physique de la matière molle et ses liens avec le monde naturel, qui s'est traduit par un stage de recherche au MIT (USA) considérant la langue du colibri comme une "paille à boire capillaire" flexible. François a ensuite suivi la formation d'Ingénieur des Mines (formation supérieure d'administration publique dans les domaines de l'Industrie et de la Technologie), dont une partie a été consacrée à travailler dans une entreprise de recyclage (SITA Recyclage). Bien que cette expérience ait été précieuse, il a ressenti le désir de poursuivre une carrière académique. Après un deuxième stage scientifique sur les flux intracellulaires dans les plasmodes – aussi connus sous le nom de « blobs » – à l'Université de Harvard (USA), il est donc allé à l'Université de Cambridge (UK) pour poursuivre son doctorat au Département de Mathématiques Appliquées et de Physique Théorique. Là, dans le groupe du professeur Raymond Goldstein, il a étudié plusieurs problèmes liés à la symbiose microbienne, où une espèce de bactérie et une espèce de microalgue vivent ensemble en harmonie. Ce travail a combiné des approches expérimentales et théoriques, visant à comprendre comment la physique exerce des contraintes sur les comportements et la croissance de ces microbes. Il a également réutilisé les outils de microfluidique et de microscopie mis en œuvre dans ces projets pour étudier le transport de surfactants aux interfaces air-eau dans le contexte de la réduction de la traînée visqueuse par des surfaces superhydrophobes, un projet parallèle qui a émergé de discussions avec ses collègues de bureau de l'époque, le Dr Julien Landel et le professeur Paolo Luzzatto-Fegiz, et qui a depuis donné lieu à une collaboration à long-terme fructueuse.
Après son doctorat, François a déménagé à l'ETH Zürich en Suisse, où il a rejoint le groupe du professeur Roman Stocker en tant que boursier Marie Skłodowska-Curie de l'Union européenne afin d'explorer davantage la façon dont la physique contraint et façonne la vie des microbes dans l'environnement aux petites échelles, en particulier dans les océans et les lacs, et ainsi contrôle leurs impacts sur les processus naturels à plus grande échelle. En utilisant une combinaison d'outils tels que la microfluidique, l'imagerie microscopique et la modélisation mathématique, il a notamment étudié l'impact de la vitesse d’écoulement sur la dégradation de la neige marine par les bactéries, mais a également développé des projets de recherche combinant ses intérêts pour la dynamique des interfaces air-eau et le comportement microbien. Par exemple, il a étudié le comportement des bactéries nageant à proximité de l'interface air-eau à la surface de l'océan en réponse au dépôt d’aérosols nutritifs.
Lors d'une visite à l'Université de Rennes en été 2021, il a exploré l'idée de développer ses recherches à l'interface de la physique, des géosciences et de la microbiologie en collaborant avec les équipes d'Isabelle Cantat (DMM) et d'Hervé Tabuteau (DMD) à l'IPR, mais aussi avec des chercheurs de Géosciences Rennes et d'ECOBIO, renforçant ainsi les liens entre ces unités de l'Observatoire des Sciences de l'Univers de Rennes (OSUR). L'intérêt partagé pour un tel projet s'est concrétisé par la création d'une chaire de professeur junior sur ces thématiques interdisciplinaires à l'Université de Rennes, à laquelle François a été nommé en Décembre.
Les travaux qu'il mènera à l'IPR visent à mettre en lumière comment les bactéries, notamment par leur production de biosurfactants, modifient la dynamique microscopique des interfaces air-eau dans le sol (où coexistent des poches d'eau et d'air) et ainsi la dynamique de l'eau dans le sol à plus grande échelle. Pour cela, il mettra en place des expériences à l'IPR sur des systèmes expérimentaux modèles en microfluidique avec des bactéries de sol modèles « inoffensives », en étudiant la dynamique couplée des interfaces, des bactéries et des biosurfactants qu'elles produisent. Il souhaite également collaborer avec Géosciences Rennes afin de concevoir des expériences avec des modèles de sols plus réalistes, et avec ECOBIO pour passer des bactéries modèles aux communautés naturelles présentes sur le terrain, afin de comprendre l'impact des tensioactifs sur la dynamique de l'eau du sol dans l'environnement. Avec la chaire de professeur junior, il rejoint également l'équipe pédagogique de l'UFR SPM avec pour objectif de développer de nouveaux cours de matière molle.
En dehors du laboratoire, François a toujours eu à cœur de faire découvrir au grand public, par le biais d'activités de sensibilisation et d'ateliers, les merveilles du monde microbien et la façon dont les microbes exploitent la physique de leur environnement à l'échelle microscopique. Par exemple, il a utilisé des répliques des robots de Taylor (voir photo) nageant dans un sirop visqueux pour démontrer comment les bactéries peuvent utiliser leur flagelle en forme de tire-bouchon pour se déplacer. Ces robots sont maintenant à Rennes et attendent impatiemment leur prochaine sortie !