Le 16 novembre 2021 se sont tenus les 1ers Trophées Valorisation du Campus d’innovation de Rennes, décernés par Ouest Valorisation et les établissements d’enseignement supérieur et de recherche d'UniR. Six acteurs de la recherche ont été récompensés lors de cette cérémonie : Joan van Baaren - directrice d'ECOBIO et professeure à l'université de Rennes 1 - a reçu le Prix "Intelligence environnementale et Agri/Agro". Ce prix lui a été remis par Jean-François Carpentier, VP Recherche de l'université de Rennes 1. Ce prix récompense les recherches menées par ECOBIO en partenariat avec l'entreprise Yves Rocher dans le cadre de la thèse CIFRE d'Emma Jeavons, soutenue le 2 décembre 2020 sur les "Stratégies de diversification végétale et interactions entre insectes bénéfiques floricoles : quels impacts sur les communautés d’ennemis naturels et de pollinisateurs et sur le contrôle biologique des phytophages ?"
Les recherches menées par Emma Jeavons ont été réalisées dans le cadre d’une thèse CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la Recherche), un dispositif financé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et l’ANRT (Association Nationale de la Recherche et de la Technologie) pour renforcer les liens entre le secteur privé et secteur public de la recherche. La thèse a été réalisée au sein de l’entreprise Yves Rocher (et plus particulièrement le Service Agronomique du Pôle Cosmétique Végétale, La Gacilly) avec un encadrement scientifique réalisé au sein d'ECOBIO (Joan van Baaren et Cécile Le Lann).
Présentation de la thèse :
La crise de la biodiversité affecte le fonctionnement de tous les écosystèmes, notamment agricoles, via une perte des services écosystémiques. Favoriser les populations d’organismes à l’origine de ces services via des stratégies de diversification végétale est un levier prometteur pour maintenir une production agricole élevée ainsi que la santé des écosystèmes, mais les résultats obtenus sont variables et peu expliqués. L’objectif de cette thèse était de comprendre comment l’augmentation de la diversité cultivée impacte la structure et le fonctionnement des communautés de pollinisateurs et d’ennemis naturels en considérant leurs interactions. Les résultats montrent que la diversification des ressources modifie la composition des communautés, pouvant mener à des interactions négatives. Dans les réseaux trophiques puceron – parasitoïde – hyperparasitoïde, la diversification semble avoir augmenté l’hyperparasitisme et la compétition entre les parasitoïdes primaires, ce qui expliquerait un contrôle des pucerons limité. L’utilisation massive des fleurs cultivées par les abeilles domestiques semble limiter l’utilisation de cette ressource par les pollinisateurs sauvages. De plus, cette étude a permis d'observer une diminution du service de régulation des pucerons par les parasitoïdes en réponse à une forte abondance de pollinisateurs, signalant pour la première fois de possibles interactions négatives entre ces deux groupes. Optimiser plusieurs services écosystémiques simultanément demande de repenser les paysages agricoles en considérant l’utilisation des ressources de chaque groupe d’organismes à différentes échelles spatio-temporelles ainsi que les interactions au sein et entre ces groupes.
Il est à noter que cette thèse est aussi le résultat de collaborations avec d’autres laboratoires de recherche, au sein de l'OSUR :
- l’étude des réseaux trophiques pucerons-parasitoïdes-hyperparasitoïdes, et en particulier l’identification des insectes par méthodes morphologiques et moléculaires, a été possible grâce à une collaboration avec l’UMR IGEPP (UR1, INRAE, Agrocampus Ouest), financé dans le cadre du projet FLEUR
- l’échantillonnage des pollinisateurs dans la Zone Atelier Armorique (ZAAr) et les analyses paysagères qui ont suivies sont le fruit de deux projets avec l’UMR BAGAP (INRAE, Agrocampus Ouest) :
* DIVAG (Effet de la DIVersifiaction Végétale non cultivée et cultivée, à l’échelle locale et du paysAGe, sur les communautés d’insectes impliqués dans la pollinisation et le contrôle biologique) en 2019, financé par la ZAAr
* suivi de FLORAG (cartographies fonctionnelles des ressources FLORales locales et paysAGères : quels effets sur les communautés d’insectes pollinisateurs ?) en 2020, financé par l’OSUR.
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