Les animaux historicisés. Pourquoi situer leurs comportements dans le temps et l'espace ?

Soumis par Alain-Herve Le Gall le ven 18/11/2022 - 11:24
Essai aux Editions de la Sorbonne

[Source : De La Sorbonne Editions]

Ouvrage paru en novembre 2022, sous la direction d'Eric Baratay (Série histoire environnementale), avec la contribution de Nelly Ménard, Elisa Neves et Pascaline Le Gouar (CNRS, Université de Rennes 1, ECOBIO) :

"L’exemple Anthropocène : changer dans le temps pour s’adapter dans l’espace : La flexibilité comportementale face aux perturbations de l’Anthropocène. Ce que le spatial nous apprend du temporel" (Nelly Ménard, Élisa Neves et Pascaline Le Gouar)

 

Présentation de l'ouvrage

Il est désormais tenu pour acquis que beaucoup d'animaux, des chimpanzés aux chiens, ont des comportements variables selon le lieu où ils se trouvent et suivant leur environnement. Pour chacune de ces espèces, de plus en plus nombreuses, les scientifiques évoquent des cultures, des sociabilités, des individualités différentes selon les lieux donc selon l’espace. Cependant, ces variations comportementales sont encore très peu pensées dans le temps, car nous avons, depuis l’Antiquité, négligé, minimisé ou, le plus souvent, refusé les variations historiques, préférant prêter aux animaux des attitudes toujours identiques, et rejeter l’idée qu’ils aient eux aussi leurs histoires.

Ce livre propose de penser les comportements des animaux dans l’espace et dans le temps. Des exemples concrets montrent que l’on peut observer des variations de comportement dans ces deux dimensions à la fois, ainsi reconsidérées et liées. La multiplicité des attitudes observées crée des individualités, des sociabilités, des cultures particulières, plus ou moins durables dans l’espace et dans le temps. Pour bien étudier les animaux, il faut les spatialiser mais aussi les historiciser. Pour chaque espèce, il est désormais nécessaire de construire une histoire et une géographie de ses conduites, afin de traquer et de montrer l’existence de périodes, de foyers, de cultures comportementales parallèles et successives, indépendantes ou liées aux situations humaines, elles-mêmes variables dans le temps et dans l’espace.

Ce livre (ISBN 979-10-351-0838-0), auquel ont contribué des vétérinaires, des éthologues, des écologues, des littéraires, des philologues et des historiens, s’adresse à tous et au public passionné d'animaux.

Contributions de : Éric Baratay, Nicolas Baron, Thierry Bedossa, Clotilde Boitard, Dalila Bovet, Thomas Brignon, Pascal Carlier, Raphaël Chalmeau, Christophe Chandezon, Fabienne Delfour, Sarah Jeannin, Michel Kreutzer, Gérard Leboucher, Pascaline Le Gouar, Rémi Luglia, Nelly Ménard, Philippe Monbrun, Élisa Neves, Marie Pelé, Emmanuel Porte, Hélène Roche, Marco Vespa et Arnaud Zucker.

 

Contribution ECOBIO

Avec Nelly Ménard, Elisa Neves et Pascaline Le Gouar (CNRS, Université de Rennes 1, ECOBIO) :

"L’exemple Anthropocène : changer dans le temps pour s’adapter dans l’espace : La flexibilité comportementale face aux perturbations de l’Anthropocène. Ce que le spatial nous apprend du temporel" (Nelly Ménard, Élisa Neves et Pascaline Le Gouar)

Les changements des habitats des animaux sauvages s’accélèrent à l’époque de l’Anthropocène, en relation avec le développement des activités humaines. L’incidence significative et accélérée des activités humaines sur les écosystèmes constitue souvent des nuisances qui contraignent à des adaptations par les animaux. Les populations animales répondront elles assez vite à ces changements pour éviter l’extinction ? En effet, classiquement, les organismes s’adaptent aux contraintes du milieu sur un temps évolutif, long, qui peut couvrir plusieurs générations. Néanmoins, les animaux ont déjà fait preuve d’adaptations rapides, en particulier en modifiant leurs comportements.

Notre propos est, d’une part, de cerner les contraintes qui peuvent limiter la flexibilité comportementale, qu’elles soient d’ordre évolutif, morphologique ou génétique, et, d’autre part, de préciser les facteurs susceptibles de favoriser des changements de comportements chez les animaux. De tels changements sont souvent difficiles à détecter en milieu naturel à l’échelle temporelle des individus ou des populations. Les comparaisons spatiales des comportements d’animaux vivant dans des habitats différents apportent alors des informations précieuses.

Nous explorons donc successivement l’apport de ces deux approches sur des animaux en milieu naturel puis nous discutons de l’intérêt de l’approche spatiale pour inférer de la flexibilité temporelle des comportements.