Un nouveau cadre conceptuel pour les Zones Ateliers (ZA) : les plateformes de recherche socio-écologique à long terme (LTSER)

Soumis par Alain-Herve Le Gall le mer 20/11/2019 - 14:35
ARTICLE DANS ECOLOGY AND SOCIETY

Les directeurs des Zones Ateliers (ZA) se sont associés pour formaliser le cadre conceptuel des Zones Ateliers. Dans un article publié en septembre 2019 dans la revue Ecology & Society, ils expliquent en quoi les plateformes de recherche socio-écologique à long terme (LTSER) constituent un réseau opérationnel idéal d'infrastructures de recherche pour mener des recherches orientées vers l'action, localisées et ciblées sur la durabilité des socio-écosystèmes. Rappelons que l'OSUR est impliqué dans 2 ZA : la ZA Armorique (ZAAr) et la ZA Antarctique et Terres Australes (ZATA). Christophe Piscart (ECOBIO) pour la ZAAr et Marc Lebouvier (ECOBIO, SBP) pour la ZATA sont co-auteurs de l'article.

 

De nombreuses approches fondées sur les plateformes de recherche socio-écologique (socio-ecological system = SES) ont été proposées pour résoudre les problématiques environnementales (liées entre autres au changement climatique, aux ressources non renouvelables, à l’instabilité économique). Cependant, la plupart des cadres socio-écologiques élaborés jusqu'à présent ne propose pas de liens opérationnels évidents entre l'Homme et la Nature qui permettent de guider efficacement les SES vers la durabilité et la résilience. Un cadre conceptuel conçu pour être opérationnel est donc nécessaire, ainsi qu'un réseau de recherche pour le mettre en oeuvre. Les auteurs ont donc défini des processus de couplage explicites qui peuvent servir de levier pour piloter un SES vers la durabilité.
Ils proposent de formaliser un SES unique au niveau européen, sous la forme d'une entité dynamique composée de deux interfaces de couplage : la gestion adaptative et les services écosystémiques, les deux s'inscrivant dans une approche paysagère globale, afin de fournir un cadre d'action exploitable. Ces interfaces décrivent la manière dont les différents acteurs, y compris les chercheurs, peuvent tirer profit des interactions complexes et changeantes entre les modèles biophysiques et les modèles sociaux.

La compréhension des processus clés qui sous-tendent les dynamiques d'interaction, en particulier ceux qui tirent parti des processus de gestion adaptative, aiderait grandement à identifier des voies adaptatives pour les pratiques et les actions collectives. Elle fournirait en outre une base de connaissances cruciale pour les décideurs politiques et favoriserait l’opérationnalité comme condition préalable d'un programme de recherche sur les SES. A l'aide de plusieurs exemples, les auteurs expliquent pourquoi les plateformes de recherche socio-écologique à long terme constituent un réseau opérationnel idéal d'infrastructures de recherche pour mener une recherche-action ancrée dans le territoire, ayant pour objectif final la durabilité des SES.

 

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Le cadre conceptuel du système socio-écologique (SES) au sein des plateformes françaises de recherche socio-écologique à long terme. Le SES en tant qu'entité résulte du couplage de deux interfaces, l'interface de gestion adaptative et l'interface de services écosystémiques, toutes deux placées dans un contexte paysager explicite. L'originalité de ce cadre réside dans l'accent mis sur les éléments explicites qui contribueront directement à modifier la trajectoire du SES.

 



Référence
Bretagnolle, V., M. Benoit, M. Bonnefond, V. Breton, J. M. Church, S. Gaba, D. Gilbert, F. Gillet, S. Glatron, C. Guerbois, N. Lamouroux, M. Lebouvier, C. Mazé, J.-M. Mouchel, A. Ouin, O. Pays, C. Piscart, O. Ragueneau, S. Servain, T. Spiegelberger, and H. Fritz. 2019. Action-orientated research and framework: insights from the French long-term social-ecological research network. Ecology and Society 24(3):10. https://doi.org/10.5751/ES-10989-240310
 


 

Qu'est-ce qu'une Zone Atelier (ZA) ?

(source : http://www.za-inee.org/fr/ateliers)
 

Objectif : des recherches pluridisciplinaires sur les socio-écosystèmes

Les ZA se focalisent autour d’une unité fonctionnelle (un fleuve et son bassin versant, les paysages - agricole ou urbain - et la biodiversité, de l'antarctique à l'Afrique subsaharienne, ou le littoral, ou encore les environnements caractérisés par une irradiation chronique d’origine naturelle ou naturelle renforcée) et y développent une démarche scientifique spécifique en s’appuyant sur des observations et expérimentations sur des sites ateliers, pour y mener des recherches pluridisciplinaires sur le long terme. Une ZA est donc, le plus souvent, un réseau de sites ateliers.
Les ZA portent les écosystèmes (marins, montagnards, agricoles, fluviaux etc.) au centre du dispositif, considérant autant l’observation que l’analyse et l’expérimentation, ou bien les pratiques humaines sur ces milieux, mais aussi les fonctionnalités écologiques comme par exemple, les services écosystémiques. Elles sont en prise directe avec les acteurs de ce territoire et tout particulièrement les questionnements émanant du monde des gestionnaires, des politiques et des associations.
La compréhension de ces interactions implique une approche pluridisciplinaire incluant notamment les sciences de la nature, les sciences de la vie, les sciences humaines et les sciences de l’ingénieur dans un objectif de répondre à une question territoriale spécifique pouvant être élaborée en interaction avec les gestionnaires.
L'ensemble des ZA, au nombre de 14 en 2019 en France, portées par l’InEE-CNRS (mais dans lesquelles peuvent être associés d’autres organismes, comme l’INRAE), offre une diversité de situations contrastées et complémentaires du point de vue des milieux et des systèmes sociaux.
Les ZA sont organisées à l’échelle nationale en réseau, le Réseau des Zones Ateliers (RZA). Il permet d’étudier, à des échelles de temps et d’espace souvent emboîtées et sur différents territoires, les relations complexes entre activités humaines et fonctionnement des écosystèmes.

Le réseau des Zones Ateliers est membre du LTER Europe et du ILTER pour l’international.
 

 

Carte ZA 2018

 

Les ZA à l’OSUR


L'OSUR est impliqué dans 2 ZA : Armorique (ZAAr) et Antarctique et Terres Australes (ZATA). Dans la typologie des ZA, la ZAAr et la ZATA étudient plus spécifiquement les paysages selon un gradient climatique et anthropique.

 

La Zone Atelier Armorique (ZAAr) se focalise sur les paysages agricoles et urbains et leurs dynamiques et développe une démarche scientifique s’appuyant sur des observations et des expérimentations. Intégrant l’ensemble de l’Ille-et-Vilaine, elle comporte plus particulièrement trois territoires privilégiés (sites ateliers) représentant trois entités paysagères différentes : le bocage, la plaine alluviale et la ville.


Figure ZA

(source : https://osur.univ-rennes1.fr/za-armorique/za-armorique-presentation)

 


La Zone Atelier Antarctique (ZATA) étudie la dynamique à long terme de la biodiversité et des écosystèmes des territoires antarctiques et subantarctiques français, y compris l'océan austral. Elle s’intéresse particulièrement aux effets des activités humaines à l'échelle locale (présence humaine, pêche, introduction d'espèces) ou mondiale (changement climatique, pollution).


Figure ZATA

(source : https://zaantarctique.org/who-are-we/)

 

 

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